Drôles de Rêves — Coquillages

Un escalier, pas dans une maison, mais dehors, comme dans un parc, entouré de verdure. Je descends. Les marches sont larges et longues, et à chaque pas, le sol semble s’étirer sous moi. Il y a un rythme naturel dans cette descente, comme si le temps se modulait avec ma respiration.

Arrivé en bas, le monde change. Un littoral apparaît, discret, calme. L’air est chargé d’une énergie douce, mais étrange, comme si quelque chose venait de se poser ici, juste avant moi.

Je m’arrête un instant pour sentir le sol sous mes pieds, puis, demi-tour, je décide de remonter. L’ascension est fluide, presque évidente. Chaque marche est une note, un geste, un souffle.

Un homme apparaît sur ma gauche. Je ne le connais pas, et pourtant il semble familier. Il me parle d’un Dieu et d’un gros livre. Je réponds que je connais ces récits, mais que mon chemin est fait aussi d’autres voix et d’autres visions. Nous ne nous attardons pas : il reste là, puis disparaît.

Je poursuis ma montée et j’arrive dans un espace étrange, entre atelier et musée. Sur un table sont posés de petits objets colorés, comme des coquillages aux formes étranges et variés et aux teintes surprenantes.

Une femme âgée est là, à mon côté. Elle m’observe observer ces objets. Sa présence est calme, forte et douce à la fois. Elle me parle dans une langue inconnue, gutturale, rythmée. Ses sons me traversent, me font vibrer de l’intérieur.

Puis nous changeons d’espace pour une autre table. Là, elle s’applique à me répéter ses sons très particuliers, lentement,  en insistant sur les mouvements de sa bouche et sur sa respiration. Je m’y essaye un peu.

Elle sourit puis me montre sur une autre table derrière nous, des schémas, des portées où sont dessinés des accents et des rythmes que je ne comprends pas avec ma tête, mais que mon corps reçoit avec évidence.

Je m’arrête pour observer l’ensemble. Les coquillages, les sons, les rythmes : tout est relié. Je sens que chaque petite vibration que je capte est un point lumineux, une note subtile.

Quelque chose pulse entre ma gorge et mon cœur. Tout le reste — les poignets, le front, les pieds — s’accorde autour de ce centre. Les mouvements de descente et de montée, les sons, les accents, les objets colorés : tout semble préparer ce point central à résonner juste.

Je reste un moment. Immobile et attentif, je laisse ce rythme s’inscrire dans mon corps, sans rien chercher, juste sentir…



Descente, montée
Rythme invisible
Coquillages intérieurs

Présence qui parle
Langue de sons, de ruptures,

Souffle profond
Cœur-et-vibrations

Éclats de lumière
Chaque marche est un accord
Le corps retient tout…