Drôles de Rêves — Trame dorée

Une course de VTT.

Spectateur ou participant, je ne sais pas.

Les chemins sont étroits, escarpés, dans une campagne un peu sauvage. Les virages s’enchaînent, la terre est meuble sous les pneus, les racines et les pierres surgissent comme pour tester l’équilibre.

Je suis très près d’une cycliste vêtue d’une tenue violette. C’est comme si j’étais avec elle, ou elle peut-être mais sans effort, sans sensation de pédalage, juste immergé dans ses gestes.

Une descente arrive, raide, rapide puis une montée plus raide encore. Devant moi, plusieurs participantes s’élancent, mais elles peinent à garder l’élan et finissent par s’arrêter,  ou même redescendre en marche arrière et tomber…

Ma cycliste, elle, ne ralentit pas.
Elle monte, monte et monte encore.
Le chemin se rétrécit, devient presque invisible. Et soudain…

Plus rien ! Devant nous : le vide…

J’approche du bord ; un léger vertige.

Je demande surpris : « qu’est-ce qu’on fait là ? »

Je tourne la tête et pense à ma guide, cette femme sur son VTT, celle qui semble m’avoir amené ici. Elle me regarde, me sourit, et me fait signe que tout est ok, que je peux continuer.

Un frisson me traverse.

Je reviens au vide, plisse les yeux : une trame légère, régulière, un peu dorée, le balise.

Je respire profondément, mes jambes se fléchissent pour amorcer le saut…

Et sous l’impulsion, je m’envole, bras ouverts. Je m’étend et me détend.

Une vraie pirouette dans le vide !
Je ris, surpris, émerveillé.

Car mon corps n’est plus simplement moi : je deviens la trame dorée elle-même, un réseau vivant qui pulse et ondule dans le cosmos ;

En moi, autour de moi, dehors et dedans en même temps…



Course effrénée,
Accompagnée,
Chemins tournent, montent, descendent —
Le vent me traverse.

Montée, vite

Vide devant moi,
Bras ouverts,

Souffle léger —
Le cosmos sourit…