Drôles de Rêves — Littoral Mobile

Un littoral étrange, sauvage, à peine terrestre.
Des herbes rases, des rochers ronds, réguliers.
Le vent passe, léger, soulève des voiles d’air et d’écume.
Je marche. La mer est là… ou ce qui y ressemble.
Flocon, mousse, liquide mouvant, miroir irrégulier.

Le chemin de pierres et de galets se fait étroit, accidenté. Je progresse avec précaution, curieux, attentif. Au loin, je devine peut-être un pont

mobile, discret, ou autre chose… qui s’incline avec le souffle du vent, suit le rythme des vagues, semble respirer à l’unisson avec mes pas. Il est là, dehors, et en moi, une cadence intérieure qui m’accompagne.

Par moment, le sentier disparaît sous l’écume.
Je saute, mes appuis sont légers, à croire la gravité moins forte. Et toujours, le chemin revient, silencieux, fidèle.

Je trouve un abri presque caché, au calme.
Deux pierres, un banc, une stèle arrondie.
Je m’assois, je reste là,  tranquille…

Puis un signal me parvient, murmure :

— C’est ok.

Pas d’ordre, juste une autorisation, un souffle. Je repars.

Le vent redouble. La mer devient plus vive, impressionnante, mais le chemin tient. Le pont est peut être là finalement, fidèle, mouvant,

dehors, au-dessus de l’écume… et dedans, dans chaque pas que je fais, dans chacun de mes souffles.

Il y a un sourire léger, une familiarité douce, un rythme partagé.
Je continue.
Je traverse, je passe…



Littoral flocon,
pierres rondes sous mes pas légers

— Le vent me pousse.


Pont mobile  oscille avec mes pas,
extérieur, intérieur


Abri silencieux,
Stèle murmure

Je continue…